Est-il halal de prier à la grande mosquée d’Alger ?
Lorsque Kamel « El Boucher » fut arrêté, on a appris que quelque argent de la drogue a été reversé et servi à construire plus de 300 mosquées à travers le pays. Rachat d’âme ou rédemption, le résultat est que de l’argent sale s’est retrouvé coulé dans le béton des lieux censés laver des âmes.
Les milieux islamistes, avec leur sens inné pour ce qui est important, se sont plongés dans leurs livres sacrés pour «juger» la question de la légalité de prier dans un lieu souillé par l’argent de la drogue !
Dieu, déserte-t-il ses maisons lorsque celles-ci sentent le speed, le crack ou l’héroïne, ou dans sa clémence sélective, ferme-t-il yeux et narines en ouvrant grand ses oreilles et en sniffant ses derniers états d’âmes, pour écouter grisé, nos interminables doléances sur l’injuste vie qu’il nous a créée ?
Quelle importance, après tout, du moment où l’argent sale a été blanchi à la laverie du seigneur ? N’a-t-on jamais construit des demeures pour abriter ce dieu envahisseur, ses butins « durement gagnés » par les conquêtes saintes, les femmes et enfants offerts en cadeaux aux Califes repus d’objets sexuels, sujets esclaves et chair à canon ? La cause de dieu, n’est-elle pas supérieure à celle de l’humain ? Vieux dilemme de la suprématie de l’au-delà sur le vivant, du sacré sur le profane !
C’est en ces termes que fut posée la question, en des termes certes moins savants, différents, sous des angles volontairement fermés, souvent morts, des mots muets, un vocable myope, aveuglant, mais enfin, le sens resta le même que celui qui vous est exposé.
La question secoua bien des méninges, ulémas, imams, givrés par la relecture en boucle de quatorze siècles d’exégèse d’un même livre sans que l’on fasse choir une seule idée qui fasse consensus. Les convictions des uns se heurtant aux certitudes des autres, les contredisant, les combattant, les accablant, les diabolisant, invoquant un apôtre ou un personnage mythique droit sorti d’El Boukhari, le Tolkien adulé des musulmans.
La morale islamique se donne alors quelques largesses pour éviter les convulsions et l’auto-condamnation. C’est par un subterfuge abracadabrant que l’on désamorça cette énième crise de la morale religieuse en adoptant une démarche conciliante, non seulement envers Kamel « El Boucher » le malfrat, mais envers ses intentions apparemment pieuses, « nobles et louables » selon bien des imams.
Le verdict étant prononcé, le coupable fut religieusement blanchi sur le corps de la vertu et sa peine réduite à une simple condamnation terrestre. Dieu n’honore-t-il pas ses soldats, même les plus affreux, du moment que leur balance de « hassanat » reste excédentaire et que leur argent crasseux est utile à la Oumma et à ses clergés ? Les 300 mosquées sont sobres, sentent la sérénité et les croyants peuvent désormais les utiliser comme lieux de désintoxication des esprits. Les apparences sont sauves et les postes avancés des islamistes aussi.
La grande mosquée d’Alger, pose quant à elle un dilemme majeur pour la morale sélective des islamistes : fallait-il construire un lieu de culte de trois milliards de dollars dans un pays où les enfants cancéreux, malgré une overdose de « roqias », gémissent et sombrent dans la souffrance, sans espoir de remède ou de clémence, jusqu’à ce que dieu leur signifie la fin prématurée de leur contrat de vie dans le pays des malfrats et des trois milliards de mosquées ?
Fallait-il ériger une œuvre pharaonique, pour satisfaire les désirs de rédemption d’un homme ravagé par la maladie, quitte à ruiner le pays, lorsque la proscription de la démesure, gaspillage et abus sont les piliers de toute authentique spiritualité ?
Devrait-on prier dans un lieu qui, rallonge après rallonge, est devenu un haut-lieu de corruption, malversation et dilapidation de biens publics, et qui est, comble de l’ironie, construit par des têtes et des mains d’impies ?
Les affaires n’ont apparemment que faire de la morale et Dieu lui-même descendra comme depuis quatorze siècles, entendre confesser et absoudre des scélérats, et condamner des peuples innocents, femmes et enfants, à l’exode, maladies, injustice, guerre, pauvreté et errance.
Mais Dieu reste clément, et ses raisons plus épaisses que nos fragiles entendements. Il continuera avec l’aide de ses hommes de main, à fermer les yeux et les narines sur ce qui empeste en ouvrant grand ses oreilles et en sniffant ses derniers états d’âme, pour écouter, grisé, nos interminables doléances sur l’injuste vie qu’il nous a créée !
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