Vgayet: Tichy ne lâche rien
Les habitants de Tichy ont réagi à la répression qui a frappé, avant-hier, leur manifestation pacifique organisée devant le siège de daïra, où ils ont muré le local qui devait abriter la commission électorale du scrutin du 12 décembre.
Une marée humaine a envahi les lieux hier, répondant en masse à un appel lancé la veille aux habitants de la daïra, qui englobe aussi les deux communes de Boukhelifa et de Tala Hamza. Ils sont venus des villages les plus reculés de la daïra et même des communes avoisinantes pour faire la démonstration du rejet populaire de la présidentielle et dénoncer la répression policière. L’appel a aussi été lancé pour une grève générale dans la journée.
Les commerçants et les travailleurs ne se sont pas fait prier pour répondre largement au mot d’ordre et faire de Tichy une ville morte. Une atmosphère de mobilisation quasi générale a régné sur la ville, au moment où se tenait le rassemblement devant le siège de la daïra. Les manifestants sont revenus à la charge pour procéder une nouvelle fois à la fermeture du local muré la veille, que les policiers ont libéré en détruisant le muret de briques construit par les manifestants.
Le retour à la charge d’hier s’est fait non plus avec des briques et du ciment, mais avec un poste à souder. Les manifestants ne lésinent pas sur les moyens pour dire leur résolution à ne pas lâcher leur mouvement.
La porte métallique du local a été ainsi soudée et porte depuis hier le signe ferré du Z amazigh, alors que l’un de ses murs est marqué par un graffiti «Ulach lvot» (Pas d’élection). La police, qui est restée discrète, n’a pas reçu cette fois-ci ordre d’intervenir, comme elle l’avait fait la veille, en usant de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc qui ont fait trois blessés. Dans la foulée de la répression, deux citoyens ont été arrêtés avant d’être libérés.
Hier, la manifestation s’est passée dans le calme. «Nous sommes des pacifistes, ce sont eux qui veulent la violence», ont répété des citoyens de la ville qui ont pris, hier, la parole sur les lieux. Les intervenants ont insisté sur le maintien du caractère pacifique du mouvement populaire et appelé à la vigilance de la population.
La mobilisation d’hier engage la population à demeurer sur ses gardes et manifester son refus de cautionner des élections qu’elle considère, au vu de ce qu’elle exprime dans les manifestations de rue, comme un moyen de régénération du régime. Tichy affiche ainsi une dynamique qui n’est pas étrangère à bien d’autres villes de la wilaya.
A Aokas, la ville voisine, des militants et citoyens engagés se sont rassemblés, avant-hier, dans une assemblée générale ouverte à la population de toute la daïra. La réunion abritée par le centre culturel Rahmani Slimane a permis de se mettre d’accord sur l’organisation de rencontres publiques quotidiennes sur la place Katia Bengana qui déborderont sur des sorties de sensibilisation à travers les villages et quartiers de la daïra.
On appellera aussi à une marche et une grève générale pour samedi prochain à Aokas, action à laquelle est attendue l’implication de la population de tout le Sahel, à savoir celle des communes du littoral est de la wilaya. A mesure qu’approche la date des élections du 12 décembre, les dynamiques locales tendent de converger vers le seul objectif de la mobilisation citoyenne.
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