Le CMA saisit le gouvernement espagnol et les instances internationales
Monsieur Juan Ignacio Zoido Alvarez, Ministre de l’Intérieur
Monsieur Rafael Catalá, Ministre de la Justice
Monsieur Alfonso Maria Dastis, Ministre des Affaires Etrangères
Madrid, Espagne
Messieurs Les Ministres,
Comme vous le savez certainement, le gouvernement algérien persécute et réprime gravement les Amazighs d’Algérie. Depuis l’année 2013 particulièrement, le peuple amazigh du Mzab est victime de violences raciales exercées par les Arabes algériens avec le soutien avéré des autorités de police et de justice. Durant l’été 2015, une trentaine de Mozabites ont été tués et des centaines ont été blessés dans diverses localités du Mzab, notamment à Ghardaia et Berriane. La police a également arrêté environ 150 Mozabites et les a accusés de « porter atteinte à la sûreté de l’Etat » et à « l’unité nationale ».
Salah ABBOUNA et Khodir SEKKOUTI, citoyens Mozabites, ayant échappé aux arrestations, ont décidé de quitter clandestinement l’Algérie en 2015 pour se réfugier au Maroc. En 2017, ils ont quitté le Maroc pour rejoindre l’Espagne pour y demander l’asile politique. Mais contre toute attente, la police espagnole les a arrêtés et depuis, ils sont emprisonnés à Madrid.
Il semblerait que cette arrestation fait suite au mandat d’arrêt international lancé par la justice algérienne contre Salah Abbouna et Khodir Sekkouti qu’elle accuse de manière arbitraire de « terrorisme ».
En réalité, Salah Abbouna et Khodir Sekkouti, sont des pères de familles et des patrons d’entreprises mais aussi des militants du Mouvement pour l’Autonomie du Mzab (MAM), un mouvement politique qui agit par des moyens pacifiques et légaux.
Salah Abbouna et Khodir Sekkouti sont des militants pour le droit à l’autonomie de leur peuple, le peuple At-Mzab, conformément au droit international des peuples à l’autodétermination. Dans ce cadre, il n’ont fait qu’user de leur liberté d’opinion et d’expression, conformément aux droits humains et aux libertés fondamentales universellement reconnus et à la Constitution algérienne (articles 38 à 42). Salah Abbouna et Khodir Sekkouti n’ont commis aucun acte de violence ou d’appel à la violence, ni contre des personnes ni contre l’Etat algérien.
Les accusations de « terrorisme » contre Salah Abbouna et Khodir Sekkouti n’ont aucun fondement mais constituent un prétexte fallacieux utilisé par le gouvernement algérien pour les discréditer et les condamner. Il est évident que les véritables motifs des poursuites judiciaires engagées par le gouvernement algérien contre les deux Mozabites sont de nature politique.
Permettez-nous également, Messieurs les Ministres, de vous alerter sur le fait que si vous extradez Salah Abbouna et Khodir Sekkouti vers l’Algérie, ils risquent la torture et la peine capitale. Ne cautionnez pas cette injustice, ne soyez pas les complices des crimes et des violations des droits humains en Algérie.
Honorables Ministres, nous espérons vivement que vous entendrez notre pressant appel de ne pas extrader les deux Mozabites vers l’Algérie et nous vous demandons de bien vouloir faire procéder à la libération immédiate de Salah Abbouna et Khodir Sekkouti et d’examiner avec bienveillance leur demande d’asile politique en Espagne, conformément à la Convention de Genève.
Nous restons à votre disposition pour vous apporter tout complément d’information et toutes les garanties que vous jugerez nécessaires et vous prions d’agréer, Messieurs Les Ministres, notre considération la plus distinguée.
Paris, 12 septembre 2017
La Présidente,
Kamira Nait Sid
Copie à :
– Mme Federica Mogherini, Haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères
– M. Le Président de la Sous-Commission des droits de l’Homme du Parlement Européen
– M. Le Rapporteur Spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme
– Mme La Présidente de la Commission Africaine des droits de l’homme et des peuples