Un chrétien kabyle condamné à cinq ans de prison ferme pour « blasphème »
ORAN (TAMURT) – Un chrétien kabyle vient d’être condamné par le tribunal d’Arzew (Oran) à cinq ans de prison ferme -la peine maximale- ainsi qu’une amende de 100 000 DA pour avoir partagé une publication sur son compte Facebook, jugée par les autorités algériennes blasphématoire contre l’Islam et son prophète, a-t-on appris d’un membre de la communauté chrétienne en Kabylie.
Agé de 43 ans, marié et père de quatre enfants (6, 4, 3 ans et 4 mois), Hamid Soudad, originaire de Tizi Ouzou, vivant et travaillant à Oran, a été arrêté le 20 janvier dernier par les services de sécurité algériens. Il a été traduit le lendemain devant le tribunal et condamné à une peine de cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt assortie d’une amende de 100 000 DA, soit la peine maximale prévue par l’article 144 bis 2 du code pénal algérien. Selon notre source, les autorités algériennes reprochent au chrétien kabyle, converti à Christ en 2001, d’avoir partagé sur le réseau social Facebook une caricature du prophète de l’Islam, pourtant publiée à l’origine par une autre personne.
Pour la famille du prévenu, la nouvelle de cette condamnation est tombée tel un couperet. Nous apprenons de même source que l’avocat de Hamid Soudad a fait appel de ce jugement. La date du procès en appel n’a pas encore été arrêtée. Ce qui est encore étonnant dans cette affaire est qu’elle s’est déroulée dans l’indifférence quasi-générale. En effet, elle n’a suscité aucune réaction de la part de la société civile ni de la Ligue des droits de l’homme et encore moins des partis politiques se réclamant de la mouvance démocratique. En tous les cas, cette affaire nous rappelle celle de Bouhafs Slimane, un autre chrétien kabyle, condamné en appel par la cour de Sétif, en septembre 2016, à trois ans de prison ferme pour un motif similaire.
Par ailleurs, il est utile de rappeler ici que les autorités algériennes ont fermé depuis 2018 treize églises, dont la majorité se trouve en Kabylie. Même celles qui n’ont pas été mises sous scellés, elles demeurent fermées depuis mars 2020 à cause de la pandémie du Covid-19. Hier, les autorités algériennes ont annoncé la réouverture de toutes les mosquées, mais pas un seul mot n’a été prononcé sur les lieux de culte autres que musulmans. Bien que la liberté de culte soit reconnue dans la Constitution algérienne, elle est, toutefois, gravement bafouée sur le terrain.
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