Musique targuie: Mohamed ag Itlal meurt dans l’anonymat
Il est mort hier, très tôt, le matin du 14 février 2021. Amoureux du désert, il est venu mourir calmement, sans faire de bruit, à Timiaouine, près des frontières algéro-maliennes qu’il aimait tant.
Lui, c’est Mohamed ag Itlal dit « Japonais », un des membres du groupe de musique de blues touareg malien Tinariwen. Il a chanté tour à tour, comme Jacques Brel, l’amour déçu mais toujours possible, le mal de vivre des intellectuels, l’absence de reconnaissance officielle, le dénuement, l’isolement et le double apatride, intérieur et extérieur, son peuple ayant subi au nord du Mali, les pires pénitences.
Dans le film « Teshumara, les guitares de la rébellion touareg », il exprime avec vigueur son intention de promouvoir la musique des ishumars et la culture touarègue.
Mohamed ag Itlal est né vers 1960 à Tessalit au nord du Mali. C’est dans les années 1990 dans l’un des camps d’entraînement de Kadhafi en Libye qu’il rencontre les autres membres du groupe.
Poète reconnu par toute la communauté touarègue, c’est également un grand guitariste compositeur au style incisif et précis. Il participe en 2001, à l’enregistrement de l’album The Radio Tisdas Sessions, ainsi qu’en 2007 à l’album Aman Iman avec deux morceaux : Ahimana qui signifie « Ô mon âme » et Awa Didjen qui veut dire « Ce qui est advenu ». Celle-ci évoque le manque d’eau en pays touareg mais aussi la situation de la langue tamachek, qui est bafouée et ignorée par les pouvoirs en place.
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