À Oujda, la démolition de la maison des Bouteflika est « une affaire sensible »
La ville d’Oujda a contacté le consulat d’Algérie au Maroc pour que la maison où le président algérien a vu le jour, en ruines, soit démolie
CASABLANCA, Maroc – Dans l’ancienne médina de Oujda, à une vingtaine de kilomètres de la frontière algérienne, une bâtisse menace ruine. Son mur de clôture délabré risque de s’effondrer et de causer des dégâts aux maisons mitoyennes.
L’affaire a tout du fait divers local. Pourtant la qualité de ses propriétaires, les Bouteflika, la rend particulièrement « sensible ».
Dans cette vidéo, diffusée sur la page Facebook Oujda Watanya, un habitant explique : « Nous avons présenté plusieurs réclamations, et nous faisons de notre mieux pour nettoyer l’endroit », où des détritus sont jetés et où des squatteurs viennent boire de l’alcool. « Mais les habitants demandent la démolition de la maison car elle constitue un danger »
Durant les années 1930, cette modeste maison était la résidence principale de la famille du président algérien. C’est ici que le chef de l’État, arrivé au pouvoir en 1999, a vu le jour avant le déménagement de la famille au 6, rue de Nedroma, toujours à Oujda, dans une villa plus spacieuse.
Désertée depuis le départ des Bouteflika en Algérie, celle-ci est régulièrement entretenue et restaurée aux frais du consulat d’Algérie au Maroc, tandis que celle de l’ancienne médina est restée à l’abandon.
« Dans l’ancienne médina, les maisons sont adossées les unes aux autres. L’effondrement de l’une d’elles peut avoir des conséquences désastreuses sur les maisons avoisinantes », s’inquiète une source locale contactée par Middle East Eye.
Une décision de démolition a été prise par la commune en 2017, mais son exécution a été ajournée. Les raisons de ce report : « D’une part, les dispositions de la loi marocaine – qui impose aux propriétaires de procéder eux-mêmes à la démolition de leur bien, ou de s’acquitter des frais si c’est la commune qui s’en charge –, de l’autre, la qualité de ses propriétaires et la sensibilité du sujet ».
Pour remédier à ce blocage, le maire de la ville, Omar Hjira, « a rencontré le consul général d’Algérie il y a quelques jours de cela », selon notre source.
« Le consul général a pris note de la demande, et a indiqué qu’il allait prendre contact avec la famille [de Bouteflika]. Nous avons insisté pour que cela se fasse dans les plus brefs délais vu l’état de la maison. Si un mur venait à s’effondrer et tuait quelqu’un, l’affaire pourrait prendre une très grande ampleur. »
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Durant sa rencontre avec le consul général d’Algérie, le maire de cette ville frontalière a également plaidé, alors que la frontière terrestre est fermée depuis 1994, pour le rétablissement du vol direct Oran-Oujda, et pour la création d’une ligne de ferries entre Ghazaouet (commune côtière algérienne proche de la frontière) et Nador (ville de l’Oriental marocain).
« Cela épargnerait aux milliers de familles maroco-algériennes des déplacements pénibles, qui prennent parfois une journée entière », insiste notre source.
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