Hafid NAIT SLIMANE: « je suis Kabyle »
Je ne suis pas algérien, je suis déjà Kabyle.
C’est presque comme un amour impossible. Dire : je suis Kabyle et non pas algérien, ceci serait pareil à une déclaration d’amour que l’on fait à une personne qui ignore même notre existence. Tu lui rédiges des messages, or, elle ne te lit même pas. Elle est loin, réside dans un autre continent, plus au nord, pendant que toi tu vis en Afrique. Tu l’aimes. Tu veux partir à sa rencontre, toutefois, tu n’as pas le bon visa ni le bon passeport ! Elle, par contre peut se rendre auprès de toi, pourtant, ne viendra pas du fait qu’elle ne te connaît pas.
Que faire alors ? Est-il possible de la rendre folle amoureuse de toi ? Est-il possible de la séduire ?
Kabylie, tous les moyens sont bons pour gagner ton amour!
Aimer la Kabylie, devenir Kabyle et surtout être aimé par la Kabylie ?! C’est possible! Rien n’est impossible en fait. Être kabyle, ne veut pas dire adhérer à un quelconque mouvement, parti politique ou association, ni même pas au MAK (mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie). Néanmoins, le MAK a aussi le droit d’exister. Il a le droit d’exprimer librement ses idées, notamment, qu’il représente l’unique et seule opposition qui conteste ce mariage forcé, celui d’un citoyen libre obligé de devenir Algérien, et qui ne possède pas le droit de contester le fait d’être né musulman par défaut, ni celui d’appartenir au monde Arabe comme le stipule la constitution algérienne.
Être kabyle c’est avant tout aimer cette terre d’Afrique du nord. Porter dans son cœur ce village qui l’a vu naître, ce quartier dans lequel a vécu. Être kabyle c’est refuser que son village soit détruit, que son histoire soit détournée. Etre Kabyle, c’est refuser d’être Algérien. Sinon, être algérien, c’est crédibiliser une mafia au sommet du pouvoir. Etre algérien c’est accepter une constitution ignoble. Etre algérien, c’est tolérer la corruption, l’injustice, la dictature et l’islamisme.
Préservons cette Kabylie qui n’a rien à voir avec l’Algérie.
J’ai en ma possession un passeport algérien. Il est vert et me rappelle, au premier regard, le drapeau de l’Arabie Saoudite. Il me rappelle la barbarie, l’islam et la dictature. Je l’ai épousé sans le vouloir et avec aucun amour. Je n’ai pas le droit au divorce notamment quand je suis une femme. Je l’ai épousé mais je ne l’aime pas. J’aime plutôt ma Kabylie.
L’Algérie fait tout pour rendre impossible cette union Kabylie. Or, la charte des droits humains stipule la possibilité de quitter son époux (se) si l’union en question est imposée. Il est donc correct, dans un pays où règne la dictature, d’aimer, outre que son conjoint imposé, même si cela devrait se faire discrètement, et de dévoiler cet amour, un jour, publiquement.
D’ici là, il ne faut pas cesser de l’aimer. Il ne faut pas cesser de le partager – même si beaucoup ne l’ont pas fait et ne le font pas, par peur, ignorance, intérêt, ou bien par lâcheté tout simplement – et surtout il ne faut pas avoir peur de ce qu’on a à dire.