Le militant berbère Salim Yezza arrêté par la police algérienne
Salim Yezza, natif de T’kout, a perdu son père la semaine passée. Résidant en France, il s’est rendu en Algérie pour assister aux obsèques de son paternel. A son arrivée, il avait été accueilli par une délégation de militants.
A son entrée sur le territoire national, il ne lui a été signifié aucune poursuite à son encontre. C’est au moment d’effectuer la procédure inverse, celle de quitter le territoire national pour retourner à son pays de résidence, qu’un mandat d’arrêt lui a été opposé. Aurait-il commis un quelconque crime durant sa semaine de présence en Algérie ?
Le mandat d’arrêt, daté du 10 juillet 2018, émane du parquet d’une ville où il n’a pas mis les pieds. C’est le procureur de Ghardaïa qui demande son arrestation pour “incitation à la violence”. Salim, venu accompagner son père à sa dernière demeure, aurait donc suscité des troubles à des centaines de kilomètres de T’kout ?
Non, Salim a participé, comme de nombreux autres militantes et militants à Paris, à la campagne de solidarité avec le Dr Kamel Eddine Fekhar et ses camarades. Il a comme nous tous, dénoncé la violence arabo-salafiste qui ciblait les Algériens de rite ibadite. Il a diffusé des informations qui mettaient à nu l’entreprise raciste et génocidaire qui espère l’éradication des héritiers de Tahert et de son Imamat. Comme nous tous, il a dénoncé la violence des nouveaux conquérants, les fatihs wahhabites dont le régime algérien craints les chefs et ignore les appels à la guerre civile. Récemment encore, Mohamed Ali Ferkous apostasiait encore les At Mzab.
Salim s’est élevé contre l’arbitraire et la répression. Et si la justice a des reproches à lui faire pour ses prises de position en 2014 pourquoi a-t-elle attendu le 10 juillet 2018 ? Cette affaire rappelle un précédent d’une extrême gravité. Celui de Mohamed Tamalt qui avait été “appâté” au pays par un député islamiste pour se retrouver emprisonné avant de trouver la mort dans d’obscures circonstances dans la prison de Koléa.
Comment ne pas envisager le pire devant cette justice guet-apens ? Une justice qui ne lance pas de mandat d’arrêt au moment où elle constate des “faits répréhensibles”, mais seulement au moment où elle peut vous embastiller.
Il n’est pas exagéré de dire que Salim Yezza, ce vaillant militant du mouvement citoyen aux Aurès, ce militant pacifiste, progressiste et humaniste, est en danger. Il n’est pas exagéré d’envisager les pires menaces y compris sur sa vie. Il doit être immédiatement remis en liberté.
Au regard du climat délétère qui prévaut dans les arcanes du pouvoir, il ne faut pas exclure que, comme en 2001 en Kabylie, cette arrestation soit un élément de provocation en direction d’une région frondeuse. Qu’elle vise en réalité à créer des troubles qui puissent permettre, au prix de nombreuses vies humaines, des ajustements et des rééquilibrages dans le sérail. C’est pourquoi l’exigence de libération de Salim Yezza doit s’accompagner d’un niveau élevé de vigilance tout en responsabilisant clairement les hommes détenteurs de charges publiques. M. Ahmed Ouyahia, premier ministre, M. Tayeb Louh, ministre de la Justice, M. Gaïd Salah, vice-ministre de de la Défense. Ces hommes sont non seulement comptables de l’arbitraire qui frappe salim Yezza, mais ils sont aussi comptables de sa sécurité et de son intégrité.
A bas l’arbitraire !
Libérez Salim Yezza !
Les signataires
Mohand Bakir
Mourad Tagzout
Ali Ait Djoudi
Youcef Rezzoug
Dalila Bandou
Ibelkissene Toufik
Dr Hamid Chalal
Salah Abbouna
Hamid Arab