L’ex Wali de Béjaïa est-il responsable de la mort subite de plusieurs fonctionnaires?
C’est désormais officiel ! Ouled Salah Zitouni n’est plus Wali de Béjaïa, depuis jeudi, à la faveur d’un mouvement partiel opéré dans le corps des walis par le président algérien.
Et c’est Mohamed Amine Hattab, qui occupait le poste de wali de Sidi Bel Abbes, qui lui succède à la tête de l’exécutif de la wilaya de Béjaïa. Le désormais ex-wali de Béjaïa a été limogé pour «dépassements dangereux», croient savoir plusieurs sources. Avant l’annonce officielle de sa mise à l’écart, d’aucuns s’interrogeaient sur l’absence prolongée de celui dont la rue avait l’habitude de commenter les moindres faits et gestes, car connu pour ses sorties «tonitruantes».
En effet, Ouled Salah Zitouni a la particularité de s’emporter pour un rien, donnant des sueurs froides notamment à ses collaborateurs auxquels il n’hésitait pas à «passer un savon» en public. Les seuls qui ont osé lui tenir tête, les anciens DTP et DE, ont été tout bonnement limogés suite à des rapports qu’il avait adressés à leurs tutelles respectives.
Sous son ère, de juillet 2015 jusqu’à jeudi dernier, un rythme infernal fut imposé à ses directeurs de l’exécutif, contraints de retrousser les manches dès les premières heures de la matinée pour ne rentrer chez eux qu’à la tombée de la nuit! Ce rythme jugé par ses proches collaborateurs d’«éreintant» a eu raison, début août dernier, de Djamel Tidjiza, 59 ans, qui faisait partie de son protocole.
Quelques jours plus tôt, la mort avait emporté le chef de daïra de Béjaïa. Bien avant ces deux cadres, le cœur de Mouloud Aït Larbi, agent d’administration et ex-secrétaire des cinq derniers walis de Béjaïa, avait lâché au début du mois de juillet. Il n’avait que 50 ans ! Ce dernier aurait confié à ses proches qu’il faisait face à «d’insoutenables pressions» de la part du wali! Comme lui, le cœur de Djamel Tidjiza, qui ne souffrait pourtant d’aucune maladie, a cessé de battre sans prévenir !
Au four et au moulin, les cœurs de ces trois cadres n’ont pu résister à une charge de travail qui dépassait de loin leurs capacités physiques. D’autres cadres, apparemment plus enclins à préserver leur santé, préférèrent fuir le stress des administrations locales, en demandant d’être mutés ou d’être placés en longs congés maladie. C’est le cas notamment du DOPS, du directeur local de la santé et biens d’autres qui souffraient en silence. Il faut dire que le rythme imprimé par le désormais ex-wali de Béjaïa à ses subalternes était loin d’être soutenable.
Avec sa manière de conduire les affaires de la cité, Ouled Salah Zitouni a réussi à faire le consensus contre lui, du moins au sein des administrations locales. Néanmoins, sa nomination à la tête de la wilaya de Bejaia, en juillet 2015, avait suscité un brin d’enthousiasme au sein de la population qui a cru qu’il allait enfin donner un coup de pied dans la fourmilière en relançant tous les projets en souffrance. Il n’en fut rien ! Pour preuve, promise pour août dernier, la bretelle autoroutière de Béjaïa n’est toujours pas réceptionnée au grand dam des automobilistes.
Il en est de même pour les autres projets structurants, CHU, stade de 40 000 places, dédoublement de la voie ferrée, centre d’affaires à Béjaïa ville, tramway et téléphérique… dont les réalisations sont tout simplement remises aux calendes grecques ! Le nouveau wali de Béjaïa, Mohamed Amine Hattab, grand fan du ballon rond, devrait, pour le paraphraser «transformer, transfigurer et moderniser la wilaya».
Dalil S.