Hommage à Saïd Mekbel
Saïd Mekbel, dit Mekbel, connu aussi sous le pseudonyme Mesmar Dj’ha, né le à Béjaia, en Algérie, mort assassiné le à Alger, est un journaliste et chroniqueur satirique algérien, fondateur et ancien directeur du quotidien francophone Le Matin.
Né le 25 mars 1940, à Béjaïa d’une famille modeste, d’un père marin. Il est l’aîné de quatre enfants. À 10 ans, il entre à l’école militaire de Miliana, puis à l’école des cadets deKoléa. Il poursuit ses études à Aix-en-Provence à l’école militaire, il y passe son bac. Sa réussite au concours d’entrée à Saint-Cyr coïncide avec l’Indépendance de l’Algérie mais rentre définitivement au pays le 26 janvier 1963. En mai 1963, il occupe le poste d’Attaché d’administration à la Direction de l’Énergie et des Carburants, participe, aux côtés de Belaïd Abdesselam et de Sid Ahmed Ghozali (futurs Chefs de gouvernement) aux négociations franco-algériennes sur le pétrole. Mais attiré par le journalisme, il fera ses premières armes à Alger républicain où il se fait critique de cinéma, puis démissionne de son poste de la Direction de l’Énergie et des Carburants et devient journaliste à plein temps à partir de mai 1964.
Sur les conseils d’Henri Alleg alors directeur de publication, il participe à la chronique satirique de L’Ogre ouverte à tous les journalistes du quotidien, qu’il reprendra ensuite sous le nom d’El Ghoul, au même moment il crée sa propre chronique… Mesmar Djeha (signée Saïd Mekbel). Il reste à Alger républicain jusqu’au 19 juin 1965 date de la prise de pouvoir d’Houari Boumédiène coïncidant avec l’interdiction du journal à paraître. En octobre 1965, il sera recruté par l’EGA (Sonelgaz). En 1969, concours d’entrée à l’ENITA (École Nationale d’Ingénieurs et de Techniciens Algériens, école militaire). En 1974, il obtient le diplôme d’ingénieur électromécanicien, spécialisé en mécanique des fluides. Entre 1974 et 1975, professeur d’écoulement des fluides compressibles au centre de Ben Aknoun et Conférencier technique à l’école technique de Blida. Entre 1975 et 1976, il fait une année à l’école des applications du gaz à Paris. Il poursuivra ses études à la Faculté des Sciences d’Alger et obtient son doctorat d’ingénieur en mécanique des fluides qu’il soutient en 1978. Puis sera nommé Ingénieur Chef de Région. Dans les années 80, il sera professeur associé à l’école polytechnique d’El Harrach (ENP) et membre du jury d’examen de l’IAP de Boumèrdes, période durant laquelle, en amateur, il s’adonnera à la photo et montera son laboratoire chez lui.
En 1989, à l’appel d’anciens d’Alger Républicain, il reprend la plume pour faire renaître la chronique d’El Ghoul, qu’il accompagnera souvent de ses propres caricatures, sans pour autant quitter la Sonelgaz, au sein de laquelle il sera nommé Ingénieur Assistant à la direction du transport gaz et sera contacté par Djillali Liabés pour intégrer l’Institut des études de Stratégie Globale de Ain Ouessara. Il participe au journal satirique El Manchar. En 1991, il quitte Alger républicain. avec une équipe de journalistes qui créent en septembre de la même année, Le Matin où il réapparaît avec Mesmar j’ha, qu’il décide de planter en haut à droite de la 24.
En avril 1992, Il crée son propre bimensuel satirique Baroud qu’il arrête après une dizaine de numéros à la suite de problèmes administratifs. En 1993, il collabore à l’hebdomadaire Ruptures. En septembre il sera nommé directeur de la publication du quotidien le Matin puis en décembre à Sonelgaz, il sera promu ingénieur expert à la direction du transport gaz.
Son dernier billet ‘ Ce voleur qui ‘ publié le jour de son assassinat fera le tour de la presse mondiale.
« Ce voleur qui, dans la nuit, rase les murs pour rentrer chez lui, c’est lui. Ce père qui recommande à ses enfants de ne pas dire dehors le méchant métier qu’il fait, c’est lui. Ce mauvais citoyen qui traîne au palais de justice, attendant de passer devant les juges, c’est lui. Cet individu, pris dans une rafle de quartier et qu’un coup de crosse propulse au fond du camion, c’est lui. C’est lui qui, le matin, quitte sa maison sans être sûr d’arriver à son travail. Et lui qui quitte, le soir, son travail sans être certain d’arriver à sa maison. Ce vagabond qui ne sait plus chez qui passer la nuit, c’est lui. C’est lui qu’on menace dans les secrets d’un cabinet officiel, le témoin qui doit ravaler ce qu’il sait, ce citoyen nu et désemparé…Cet homme qui fait le vœu de ne pas mourir égorgé, c’est lui. Ce cadavre sur lequel on recoud une tête décapitée, c’est lui. C’est lui qui ne sait rien faire de ses mains, rien d’autres que ses petits écrits, lui qui espère contre tout, parce que, n’est-ce pas, les roses poussent bien sur les tas de fumier. Lui qui estt tous ceux-là et qui est seulement, journaliste. »