Yémen, un enfant meurt « toutes les dix minutes », dénonce l’Unicef
CRISE HUMANITAIRE – Le directeur de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord a appelé les différents groupes en conflit au Yémen à cesser les hostilités. Lors d’une conférence de presse donnée dimanche 4 novembre en Jordanie, il a dénoncé cette guerre, entamée il y a trois ans, qui a fait du pays un « enfer sur terre pour les enfants ».
« Toutes les dix minutes, un enfant meurt d’une maladie facilement évitable. » Dimanche 4 novembre, Geert Cappelaere, directeur de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a communiqué des chiffres qui font froid dans le dos. Lors d’une conférence de presse donnée en Jordanie, ce directeur du Fonds des Nations unies pour l’enfance a dressé un constat accablant de la situation des enfants au Yémen, pour qui le pays est devenu un « enfer sur terre ».
Il a donc exhorté les différents parties en guerre au Yémen à cesser les hostilités. Car ce conflit, qui oppose les forces pro-gouvernementales, appuyée par une coalition dont l’Arabie saoudite en tête, aux rebelles Houthis soutenus par l’Iran, dure depuis désormais trois ans.
A la mémoire d’Amal
Geert Cappelaere a voulu consacrer cette prise de parole à « la mémoire d’Amal ». Son corps émacié avait fait la Une du New York Times la semaine dernière, bouleversant les lecteurs et redonnant un coup de projecteur à cette guerre longtemps oubliée. L’occasion de rappeler que, malheureusement, le cas de cette fillette, décédée peu de temps après, n’est pas isolé. Loin de là. « Il n’y a pas une seule Amal, il y a plusieurs milliers d’Amals », a-t-il ainsi expliqué. Car au Yémen, 30.000 enfants meurent chaque année de malnutrition.
« Les chiffres ne disent pas grand-chose mais sont importants car ils nous appellent tous à réaliser à quel point la situation est devenue désastreuse », a ajouté Geert Cappelaere . Et de donner des noms à ces chiffres. Il les cite : Adam, Abdulqudus, Sara, Randa. En ajoutant que, chaque fois qu’il prononce ces prénoms, il voit « clairement les images d’eux couchés dans leur lit ». Une situation qui, selon lui, ne cesse de s’aggraver et qu’il juge « catastrophique et extrêmement grave ». Décrivant un Yémen devenu « un enfer sur terre, non pas pour 50 à 60% des enfants, mais un enfer sur terre pour chaque garçon et fille. »
Car selon les chiffres de l’Unicef, la moitié des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition chronique. Un « cercle vicieux » qui débute dès la naissance, puisque près d’un million de femmes enceintes ou allaitantes sont elles mêmes anémiques. Alors, lorsqu’elles accouchent, leurs enfants souffrent déjà de malnutrition. De quoi entraîner plusieurs difficultés, dont des problèmes de développement du cerveau. Alors, l’agence rappelle que 50% d’enfants touchés par la famine seront tous des adolescents qui n’auront pas « développé pleinement leur potentiel intellectuel ». Un mauvais signe pour le pays.
Mais la crise humanitaire sans précédent que subit le pays ne s’arrête pas à la nourriture et à l’eau. La population souffre également d’un manque de vaccination. L’Unicef a ainsi observé des épidémies de rougeole et de diphtérie. C’est pourquoi, aujourd’hui, il n’est « pas surprenant » de constater une très forte mortalité. Ainsi, toutes les dix minutes, un enfant meurt d’une maladie facilement évitable. Un chiffre colossal, et provoqué par l’homme. Comme l’a si bien rappelé le responsable à l’Unicef, les « adultes sont responsables » de cette situation mais « les enfants en font les frais. »
De quoi pousser Geert Cappelaere à conclure sur une note d’espoir. En disant qu’il attend désormais de la communauté internationale d’agir. Et d’espérer que le monde n’aura plus besoin d’enfants squelettiques en Une d’un journal pour alerter sur cette crise sans précédent, qui a déjà fait près de 10.000 morts, en majorité des civils.
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