Une ex-esclave sexuelle de Daech retrouve son bourreau en Allemagne : « J’ai eu un choc »
Une jeune femme yézidie, réfugiée en Allemagne, a été contrainte de fuir son pays d’accueil après y avoir croisé son ancien bourreau, jihadiste de l’organisation État islamique. Elle témoigne pour InfoMigrants.
L’histoire est glaçante. Une jeune femme yézidie, Ashwaq Haji Hamid, a récemment fui son pays d’accueil, l’Allemagne, après avoir rencontré dans la rue, le jihadiste de l’État islamique (EI) qui l’avait réduite en esclavage à Mossoul.
« J’avais fui l’Irak pour ne plus voir cet horrible visage et oublier tout ce qui me le rappelle, mais cela m’a fait un choc de le retrouver en Allemagne », a déclaré Ashwaq Haji Hamid, contactée par InfoMigrants. « La première fois [que je l’ai revu], c’était en 2016 », continue-t-elle. « Il était à ma poursuite. C’était bien lui. La seconde fois, il s’est approché de moi et m’a dit qu’il savait tout sur moi. » L’homme se fait appeler Abou Houmam.
« Il s’est mis à parler en arabe », a également raconté la jeune femme à l’AFP. « Il m’a dit : ‘Je sais très bien que tu es Ashwaq et que tu vis en Allemagne avec ta mère et ton frère’, il m’a même donné mon adresse et d’autres détails de notre vie ».
Enlevée le 3 août 2014 , Ashwaq Haji a été réduite en esclave sexuelle pendant de longues semaines. Abou Houmam l’avait achetée pour cent dollars. Le 22 octobre de la même année, elle parvient à s’enfuir. En 2015, Ashwaq Haji Hamid arrive avec une partie de sa famille en Allemagne.
« Je voulais terminer mes études en Allemagne »
La jeune femme, qui a prévenu la police allemande de la présence de son tortionnaire dans le pays, a préféré retourner en Irak. Impossible pour elle de se sentir en sécurité en sachant que son ancien ravisseur est en liberté. « Si je ne l’avais pas vu, je serais restée en Allemagne. Je voulais terminer mes études et obtenir un diplôme qui me permettrait de mener une vie décente », explique-t-elle. Pour l’heure, la jeune femme vit avec sa mère et son père dans un camp au Kurdistan irakien.
Les autorités allemandes n’ont toujours pas réussi à identifier l’auteur présumé des faits. L’enquête est au point mort car le « témoin [ Ashwaq Haji] n’est actuellement pas disponible », a écrit la police du Bade-Wurtemberg sur son compte Twitter, le 16 août.
Le groupe jihadiste est accusé de crimes de masse contre les Yézidis. En Irak, des milliers de femmes, d’adolescentes et d’enfants, issues de la minorité yézidie, ont subi de terribles exactions dans des zones contrôlées par l’EI, tels que des viols, enlèvements, esclavage et traitements inhumains. Environ 3 000 femmes seraient encore en captivité, selon un rapport émanant des Nations Unies pour l’Irak et le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, publié en 2017.
« Beaucoup de femmes ont des histoires similaires à la mienne »
Cinq des frères de Ashwaq Haji Hamid et l’une de ses sœurs sont toujours portés disparus après leur enlèvement par les jihadistes de l’EI.
« Je ne demande qu’une chose au gouvernement allemand : je veux que cet homme soit puni », a conclu Ashwaq Haji Hamid. « [Je veux] que les autorités se rendent compte qu’il y a beaucoup d’autres femmes en Allemagne qui ont des histoires semblables à la mienne et que l’Allemagne doit les protéger de l’État islamique ».
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