«L’état de santé de Louisa Hanoune se détériore dangereusement»
Après un mois d’incarcération, la secrétaire générale du PT (Parti des travailleurs), Louisa Hanoune, se porte mal et perd du poids. Souffrant de maladies chroniques, son état de santé se détériore dangereusement. C’est ce que déclare Djelloul Djoudi, secrétaire national chargé de la communication au sein du PT.
Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il revient sur l’état de santé de la secrétaire générale, la campagne de mobilisation pour sa libération, la journée du 20 juin, qui lui est dédiée en Algérie et dans 62 pays à travers le monde, mais aussi sur la tentative interne de déstabilisation du parti.
Lors de la réunion extraordinaire du bureau politique, vous avez évoqué l’état de santé de Louisa Hanoune qui semble se détériorer ces derniers jours. Qu’en est-il au juste ?
Cela fait un mois jour pour jour que la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, est en détention alors qu’elle souffre de plusieurs maladies chroniques. Son état de santé se détériore dangereusement. Elle a besoin d’une prise en charge médicale et d’un hygiène de vie spécifiques….
Voulez-vous dire qu’elle ne bénéfice pas d’une bonne prise en change médicale ?
Pas du tout. Elle prend ses traitements. Comme vous le savez, Mme Hanoune est une militante politique incarcérée pour son activité politique. Sa place n’est pas en prison mais aux côtés des Algériens qui manifestent chaque vendredi pour une Algérie nouvelle. Elle accepte mal le fait d’être privée de sa liberté en ces moments historiques. Sa santé en pâtit dangereusement.
Elle a perdu 8 kg en un mois. C’est vrai qu’elle a un bon moral, mais les maladies qu’elle traîne l’affaiblissent chaque jour qu’elle passe en prison. Elle ne supporte pas d’être loin de cette révolution populaire qui avance.
D’ailleurs, nous savons tous qu’elle a été placée en détention pour ses positions politiques. Son seul crime est d’avoir exercé sa mission de chef de parti qui défend l’Algérie et les Algériens.
Le bureau politique a d’ailleurs rappelé que le seul crime de Louisa Hanoune, qu’elle reconnaît et assume, c’est d’avoir agi comme premier responsable du PT, comme elle l’a toujours fait et assumé, pour trouver des solutions algériennes conformes aux revendications de l’immense majorité du peuple, mobilisé dans une authentique révolution depuis bientôt quatre mois, réclamant clairement et nettement le départ du système et du régime en place.
Nous ne comprenons pas cette injuste et incompréhensible détention provisoire alors que Louisa Hanoune présente toutes les garanties légales pour se mettre à la disposition de la justice. Ses avocats ont demandé à ce qu’elle soit auscultée par ses médecins traitants ou une rencontre entre ces derniers et les médecins de la prison, mais en vain.
Ces demandes ont été rejetées, comme l’ont été celles introduites pour sa mise en liberté. Le bureau politique du PT tiendra pour responsables les pouvoirs publics quant à tout développement fâcheux. Le souvenir du décès de Kamel Eddine Fekhar est encore vivace.
Où en est la mobilisation pour sa libération ?
Lors de la réunion extraordinaire du bureau politique, nous avons fait le point sur la campagne pour la libération de Louisa Hanoune.
Il est clair que son incarcération est injuste et le mouvement de solidarité à son égard ne cesse de prendre de l’ampleur, et de nombreuses initiatives pour sa libération avancent, notamment la lettre déposée au ministère de la Défense à l’attention du chef d’état-major de l’Armée nationale populaire par la moudjahida Zohra Drif, coordinatrice du CNLLH (Comité national pour la libération de Louisa Hanoune) ainsi que les nombreux meetings, rassemblements et prises de parole qui ont eu lieu dans plusieurs wilayas du pays.
Avez-vous eu une réponse du chef de l’état-major de l’Anp ?
La coordinatrice a été reçue par deux de ses proches collaborateurs, qui devaient remettre la lettre en mains propres au vice-ministre de la Défense. Pour l’instant, nous n’avons pas encore reçu de réponse.
En attendant, de nombreux meetings et rassemblements se tiennent régulièrement. Comme vous devez le savoir, Louisa Hanoune est la coordinatrice de l’EIT (Entente internationale des travailleurs et des peuples), qui représente 62 pays au niveau de quatre continents, qui se sont déjà déclarés solidaires. A ce titre, ils ont décidé de dédier la journée du 20 juin 2019 à l’exigence démocratique de libération d’un responsable politique emprisonné pour ses positions politiques.
A cette occasion et dans l’ensemble des pays représentés, des rassemblements et sit-in seront organisés devant les ambassades et les consulats d’Algérie et des motions exigeant la libération de Louisa Hanoune seront remises aux diplomates algériens. Le même jour, un grand rassemblement sera observé devant le siège du parti à El Harrach, à Alger, avec la collaboration du CNLLH.
En tant que coordinatrice de l’EIT, Louisa Hanoune est connue dans le monde entier pour sa défense acharnée de la souveraineté nationale, de son opposition aux ingérences et guerres impérialistes et pour la démocratie et les droits des travailleurs. A ce titre, elle jouit d’une grande estime auprès de nombreuses organisations internationales.
Lors de la réunion du BP, vous aviez aussi parlé de «tentative de déstabilisation» du parti de l’intérieur. De quoi s’agit-il ?
Cette tentative fait partie de l’arbitraire qui frappe la secrétaire générale dans l’objectif d’empêcher le PT d’agir en faveur de la révolution. Il s’agit d’une opération engagée de l’intérieur du parti pour tenter de le déstabiliser et de changer sa nature. Cinq députés du PT ont refusé de démissionner de l’APN, tel que décidé par le BP le 26 mars 2019 et validé à l’unanimité par le comité central le 5 avril 2019, en présence de la secrétaire générale.
Ces députés non démissionnaires ont rejoint la contre-révolution et deux d’entre eux ont assisté et voté pour le coup de force antirévolutionnaire qui a intronisé Abdelkader Bensalah comme chef de l’Etat.
Ils tentent d’entraîner des membres du comité central sur une voie de domestication du PT afin de l’arrimer au régime en place. Ils ont choisi les privilèges liés à la députation et au maintien des institutions du régime. Ils ne peuvent en aucune manière parler au nom du Parti des travailleurs.
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