Catastrophe écologique de l’oued Soummam (Bejaia) : où sont les responsables ?

L’oued Soummam ou assif Abbas comme l’appellent les Kabyles se meurt par la faute de la pollution industrielle. La population ainsi que les associations dénoncent et haussent le ton en vain.

L’oued Soummam est devenu un dépotoir pour les rejets industriels de la région. La rivière est extrêmement polluée. Elle est saturée de produits chimiques divers. La cause ? Les rejets toxiques des usines des différentes zones industrielles comme celles d’Akbou, Takariets et Ighzer Amokrane. « Mais qui peut les contrôler ou les arrêter ? » se demande l’Association Soummam Eco-Culture de Sidi-Aïch. Cette dernière se bat depuis 4 ans pour arrêter le massacre. En vain. Les citoyens et Soummam Eco-Culture ne trouvent aucune oreille sensible à ses nombreuses alertes. Pourtant « ce n’est pas faute d’avoir alerté, crié, dénoncé le massacre écologique. Les élus et les autorités font semblant d’ignorer la catastrophe naturelle jusqu’à la survenance d’une épidémie.

Des poissons agonisants

A force de pompages de l’eau, de pillage de sable, de rejets industriels divers, l’oued est devenu un mince cours d’eau dégageant pendant les fortes chaleurs des odeurs pestilentielles. Ici et là, on observe des poissons agonisant en surface.

Les nombreuses unités de production qui se trouvent en grand nombre dans la région déversent leurs déchets toxiques directement dans le fleuve détériorant ainsi la qualité de l’eau. Résultat ? La pollution conduit à la disparition graduelle de toute vie aquatique. Il est de notoriété publique certaines unités sont spécialisées dans des activités générant des déchets à risque.

Quel impact écologique ?

Jadis, ce oued était un lieu de plaisir où les amateurs de la pêche venaient taquiner le poisson avec leur canne à pêche en roseau. Des barbeaux, des anguilles, des carpes chinoises frayaient et faisaient le bonheur des mordus de la pêche. Aujourd’hui, en dépit de la pollution visible à l’œil nu, quelques irréductibles continuent encore à tenter de pêcher les derniers poissons. Mais avec quels risques ? Quels impacts sur la santé de ceux qui consomment le poisson de la Soummam ? Aucune étude à notre connaissance n’est menée. Un black-out total est imposé par les autorités ainsi que les puissants industriels qui tuent chaque jour un peu plus cette rivière.

Aujourd’hui, de nombreuses espèces ont disparu. La reinette et l’anguille ont carrément disparus de l’oued Soummam et de ses affluents, le niveau de pollution de cette rivière est si importe qu’on est plus à se demander comment protéger son écosystème ou le peu qui en subsiste mais de chercher plutôt le meilleur moyen de préserver la santé publique et celle des animaux aussi.

Une première alerte

Au rythme où va la pollution industrielle, la Soummam risque dans peu d’années de devenir un oued mort, sans aucune vie aquatique. En 2014, une première intoxication a été signalée dans la région. Des milliers de poissons morts dans l’oued sur une distance s’étalant de l’ancien pont de la ville de Sidi Aïch jusqu’au village Takariet à la sortie vers Remila. Des citoyens ainsi que plusieurs associations dont Soummam Eco-Culture ont donné l’alerte et informé les autorités locales concernant. Une commission d’enquête composée de la direction de l’environnement, de la pêche et du service d’hygiène de l’APC, s’est rendue sur les lieux pour effectuer des prélèvements à des fins d’analyses pour déterminer les causes de la mort de ces poissons. Cependant, à ce jour, aucune communication n’a été faite à ce sujet, on en ignore toujours les causes !!! Aujourd’hui, deux ans après, on redoute la réédition du même noir scénario dans les localités qui bordent la Soummam. « Aurons-nous des explications cette fois ci ? Des solutions seront elles déployées pour éviter que ce scénario ne surgisse une troisième fois ? », se demande l’association Soummam Eco-Culture. Citoyens et associations en appellent aux plus hautes autorités pour prendre des mesures afin de protéger l’oued de la pollution qui le menace de disparition.

Source : Le Matindz

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